Je lis de Karl Jung : « J’emploie donc ici le concept général de synchronicité dans le sens particulier de coïncidence temporelle de deux ou plusieurs événements sans lien causal entre eux et possédant un sens identique ou analogue. »
Elle m’aime, un peu, beaucoup, à la folie, passionnément, pas du tout. Combien de pâquerettes décimées sur l’autel des pâmoisons, combien de piécettes lancées à la face du ciel en requête de destinée ? Hasard, providence, ou malédiction; les galaxies se croisent-elles dans le néant sans raison ?
J’imagine une chapelle sur une planète à deux soleils. Les vitraux superposent au fil des saisons multipliées les images rayonnées de lumières étrangères. La mariée avance, sublime. Pile à cet instant deux nuages s’effacent, cette minute, cette unique fraction, elle scintille de mille feux fois deux en pétales de passion. « Oui je le veux» deux fois.
Trier des branches d’achillée, voir des nombres et les associer, jeter des osselets sur le sable ou étaler des tripes avec le diable, les petits hasards devraient dire les grands événements comme les canons de vaguelettes en chœur annonciateur d’un ouragan. L’inattendu devient un coup du sort, l’imprévu une bonne fortune.
Ma foi, pourquoi pas si parfois un battement d’aile donne du sens, un pas de recul et j’y verrais l’état de ma confiance.
Je m’efforce de tenir ma position, de voir l’univers en ondes, vibrations et énergies, en rosaces d’ordres, de possibles et d’interdits. Interférence ou parasite, si la coïncidence a soudain du sens, l’événement devient un personnage plus massif que la somme de ses parents. Dans sa densité renouvelée par la pensée, l’événement acquiert de la gravité, il murmure, il cri, il pulse dans toutes les dimensions la force de son existence. A travers le temps, il attire à lui les intuitions, les rêves, il fait le pont des souvenirs, de l’annonce d’une joie à la marque d’une cicatrice. Le temps, il suffit d’enlever le temps.
Je pense : si le chaos existe, il est peut-être nécessaire comme la plaque de Chladni.