Pourquoi vont-ils là, ces grains de sable, ces grains de sel, ces particules de poussière ? Pourquoi ils s’agglutinent, se regroupent et s’ordonnent quand la plaque de Chladni vibre en paliers ?
Il faudrait que les tremblements soient un tambour qui appelle, un signal, un totem.
Il faudrait que l’onde émise soit un ordre, une injonction, un crochet qui dit « viens ».
Je pense au surfeur sur une vague propulsé par la différence de pente des côtés, plus que par le sens, abrupte en façade, douce dans sa trainée.
Il faudrait que l’onde ne soit pas qu’une, il faudrait qu’en somme d’elle-même et de ses échos elle dessine une courbe attrayante, universellement séduisante. La vague est cette somme de gouttes d’eau qui propagent une danse décalée. Le rythme est le même pour toutes, en canon rigoureux.
Je pense à la gravité de ces monstres sphériques suspendus dans le néant. Tous en surface disent leur masse, ils sont les plus nombreux, leur unisson la plus intense, jusqu’au cœur du premier, unique et lointain du front, seul, faible, le dernier à parler, le creux de la trainée.
Il faudrait que la masse soit le mantra célérique de toute existence, une affirmation constante, unique et égale. La fière annonce de l’être, un appel dans le silence de l’éternité.
Il faudrait que ce cri bouclé soit la masse elle-même, celle de Mithra , enfant d’un logos spontané.