Je ne vois pas des oiseaux, je vois des vecteurs. Je vois des flèches qui s’échappent, vrillent, exaltent, plongent, courbent, redressent. Je vois des ombres aussi fines que ténébreuses, fendre le vent comme du beurre moelleux : abus de pouvoir des espiègles, forfanteries de gamines, rêves de gueux. Elles surgissent en meute sans qu’aucune ne rabatte ou ne piège, comme des enfants sauteraient soudain dans une piscine en riant. Moucherons et moustiques, c’est le festin du crépuscule, qu’ils soient tigres ou communs la taille n’y changera rien. Trois cris, quatre virages, elles sont déjà parties, pleines et repues elles ont virevolté sans que j’aie le temps de les compter….
Une chose étrange pourtant : De ma vie, je n’en ai jamais vu une sur un fil, pas même une brindille, pas même une tige de blé. J’en viens à douter qu’elles aient des pattes… Je cherche. Je trouve. Je regarde des images encyclopédiques. Non. Certainement pas. Ce n’est pas cette dinde crayonnée au sol qui une fois en vol pourrait prétendre l’allure, le trait et l’élégance d’une lame en ciel. Mensonge et supercherie : Nul n’en a vu ! On ne les voit pas, on les perçoit. On les dessine au fusain, d’un geste rapide et souple; serein qu’au bec ou à la queue le fusain cassera.
Je pense : Prémices du printemps ou fin de l’été, simple joie renouvelée.