J’ai dans la tête une minuscule gouttelette, petite sphère d’un millimètre. Elle est fine, pure et transparente. Elle est comme suspendue au dessus de sa mère, son océan, et en dessous d’elle les cercles de son onde, c’est cette image figée de la goutte, seule et immobile dans l’air et dans le temps.
Mais elle ne tombe pas, elle flotte, et le temps n’est pas au passé, il s’écoule en toute liberté. Elle est un « marcheur », nom de la science pour son étrangeté, elle est onde et particule grâce à Faraday. Elle est dans sa petitesse l’unique monstre qui fait l’écho de ce qui est invisible ici bas, près des quanta : la masse et la courbe, les deux à la fois.
Espiègle gouttelette qui rebondit en corpuscule et s’échappe en biais aux portes entrouvertes.
Fière gouttelette qui s’en fiche qu’on la regarde ou non, pour Monsieur Tesla à coup sûr du sublime, car sa danse est un mime et son chant le singe d’un photon.