J’ai retrouvé mon bol tibétain. Il était là, tout de métal doré, martelé, posé en décoration avec son maillet, sur le bord de notre commode de salon. Je ne l’avais pas perdu, c’est juste que je ne le voyais plus.
A voir le monde en rosaces, petites ou grandes, simples ou délurées ; à chercher les ondes dans tous les sens, d’en haut d’en bas de coté ou profilées; j’ai appris que ce bol et son maillet ne servaient pas le déjeuner : ils se frappent ou ils se frottent, d’un glas de pâmoison à une lente note en frisson.
Chaque bol a sa note, normalement celle d’un chakra, fleur d’un lotus d’une foi que je ne connais pas. Ca vibre, ça chante, suivant que l’on est assez adroit ; on sent les troupeaux d’ondes qui galopent devant le maillet dans sa course de tourne-en-rond. S’il les rattrape, la note s’étouffe, se vrille et dérape. Le jeu est de ne pas les dépasser pour tenir la vibration et enfin méditer.
Mais ce n’est pas par le karma que j’ai retrouvé mon bol, c’est par l’eau. On peut le remplir d’eau !
De l’eau non pour la boire, mais pour la voir… danser, vibrer, frémir, et des gouttelettes applaudir au passage du maillet. Le bol est un colisée et les ondes cravachées le spectacle attendu de joies partagées. A son paroxysme synchronisé, le dernier virage des ondes exaltées, d’innombrables vagues de olas parcourent l’eau en délires concentriques, des micro gouttelettes s’échappent et rebondissent comme les chapeaux jetés au ciel d’une foule hystérique.
Jolies rosaces au fond de mon bol, l’eau chante une forme fugace dans le creux de ma main.
Je pense : Qu’en est-il de ma paume qui tient le bol ? Est-elle une oreille au dos de la coupole ?